Amiens, Bibiothèque municipale, fonds Lescalopier 74, f. 35
Cliché CNRS-IRHT, Bibliothèques d'Amiens-Métropole, Ms Lesc. 74 A, fol. 35


Historique

Historique de l’entreprise

C’est en mai 1942, à l’instigation et sous la direction de Louis Carolus-Barré et avec le soutien de Charles Samaran, qu’une équipe de l’IRHT s’est attachée à « la recherche et à l’étude des documents historiques relevant de la critique diplomatique ». Dès cette date, actes originaux, cartulaires, formulaires, obituaires, pouillés, censiers, livres de fiefs et comptes et registres divers étaient envisagés comme faisant partie du champ d’étude, mais, pour des raisons pratiques, il fut décidé de dépouiller et d’étudier en priorité les cartulaires, en commençant par ceux de la province de Reims. Pour chaque document, le plan du travail était le suivant : microfilmer le manuscrit, en rédiger une notice codicologique et établir une analyse de chaque acte selon un programme et des règles de présentation précisément fixé (cf. Annexe). Enfin, la publication de cartulaires inédits choisis parmi les plus importants était aussi envisagée. Pendant près de 30 ans, cette entreprise a été poursuivie par les principales collaboratrices, toutes trois chartistes et diplomatistes :Jacqueline Le Braz, qui dirigea l’équipe de 1945 jusqu’à la fin des années 60, assistée à partir de 1950 par Odile Grandmottet et Lucie Fossier (cette dernière pour la moitié de son service). En l’absence de personnel dédié, l’avancement du projet à ses débuts a dû beaucoup à la collaboration temporaire de jeunes chartistes : Guy Dubosq, Jean Estienne, Robert-Henri Bautier, Marguerite Chanteux, ou, un peu plus tard, Georgette de Groer.

Au cours de ces années, prenant la marque des principales collaboratrices, l’entreprise a nettement évolué : alors que le projet initial réduisait au maximum l’analyse et insistait essentiellement sur le relevé des dates, des noms des auteurs d’acte et des destinataires, elles prirent le parti de développer les analyses afin de rendre plus précisément compte du contenu juridique des actes que ne le faisaient leurs prédécesseurs.

Pour en savoir plus, renvoi vers : Une entreprise précisément cadrée et évolutive.

Au total ont été vus et décrits, au moins partiellement, 571 cartulaires, cartulaires-chroniques ou bullaires touchant essentiellement les établissements ecclésiastiques de la province de Reims (312 mss), Sens (94 mss) et Lyon (38 mss concernant essentiellement le diocèse de Langres), Rouen (25 mss), Besançon (11 mss), Trèves (7 mss). S’y ajoutent, pour certains établissements ecclésiastiques dépourvus de cartulaires, des dépouillements de leurs actes les plus anciens et l’établissement de tables onomastiques d’éditions publiées sans table. Ont aussi fait l’objet d’une description très sommaire 27 autres manuscrits des provinces ecclésiastiques de Tours (10), Bourges (5), Bordeaux (2), Auch et Narbonne (1).

Pour en savoir plus, renvoi vers : « Dépouillements complémentaires ».

La documentation accumulée entre 1942 et 1970

Elle est de deux types :
Des dossiers par manuscrit, classés par établissement ecclésiastique ou institution, constitués de feuillets de format A4, en général dactylographiés et numérotés, rassemblés en sous-dossiers par type de contenu :

  • Notice descriptive du manuscrit (codicologique et de contenu)
  • Recueil des analyses d’actes, désigné sous le nom de « Regestes »
  • Tables onomastiques, en général sous une forme normalisée et en français
  • Autres tables, selon qu’elles ont parues utiles aux collaborateurs du projet : table chronologique, par auteurs d’actes, des matières ou encore de concordance entre plusieurs cartulaires d’un même établissement, etc.

Il importe de retenir ici que tous ces éléments ne sont jamais présents tous ensemble, qu’ils ne se présentent pas tous de la même manière et qu’une dizaine de « regestes », tables chronologiques et tables onomastiques restés sur fiches tantôt manuscrites, tantôt dactylographiées sont d’un statut incertain et n’ont pas été intégrés dans notre projet.


Le fichier onomastique général des personnes et des lieux, dit « fichier Grandmottet » du nom de sa principale réalisatrice. Constitué petit à petit avec l’aide efficace de quelques collaboratrices, ce fichier contient plus de 120.000 fiches, en grande partie manuscrites, classées par ordre alphabétique de noms de personnes et de lieux et apporte, pour le chercheur, une valeur inestimable à l’ensemble de la documentation sur les cartulaires.

Il s’avère un peu plus riche que les seuls dépouillements de cartulaires, actes et documents édités qui ont été signalés plus haut puisqu’il inclut aussi les tables onomastiques de quelques obituaires et les noms de chanoines de la province de Reims rédacteurs de testaments ou dont on a conservé l’inventaire après décès. Il a, par ailleurs, été complété de fiches bibliographiques dactylographiées.

Il permet de repérer une même personne et/ou un même lieu à travers plusieurs manuscrits et offre, ainsi, une vision transversale des acteurs et des lieux contenus dans les cartulaires dépouillés.

Il est, par ailleurs, important de noter que tous les cartulaires n’ont pas fait l’objet d’une table onomastique.

C’est aussi dans le cadre de cette entreprise que Lucie Fossier et Odile Grandmottet furent amenées à collaborer à l’Atlas des diocèses de France initié par Jacques de Font-Réaulx et réalisèrent les cartes des anciens diocèses de la province de Reims et du diocèse de Langres.

Pour en savoir plus : La documentation accumulée : dossiers par manuscrits et table onomastique générale

Le projet RegeCart

Objectifs

Pour des raisons pratiques et comme son nom l’indique, le projet s’est attaché uniquement à la documentation sur les cartulaires, la plus importante en volume et, surtout, la plus complexe.

La grande majorité des manuscrits analysés n’ayant fait l’objet d’aucune publication depuis cette date, la valeur et la richesse de cette documentation pour l’histoire de la France septentrionale restent entières. En témoignent les très régulières demandes de consultation en parallèle avec les reproductions des cartulaires conservées à l’IRHT. La rançon de ce succès constant est la fragilisation de ces documents en raison de la qualité parfois médiocre des papiers utilisés et de la volatilité des feuillets maintenus ensemble dans des dossiers non reliés. Par ailleurs, le fichier onomastique général, uniquement localisé sur le site orléanais de l’IRHT, est resté d’un usage plutôt confidentiel bien que les membres de la section aient toujours accepté d’y faire eux même des recherches pour les lecteurs qui ne pouvaient se déplacer.

Le projet RegeCart répond donc à trois objectifs :

  • Pérenniser cette documentation particulièrement périssable
  • En ouvrir très rapidement l’accès à tous les chercheurs, quel que soit leur lieu de résidence
  • Apporter un complément à la base de données CartulR et, plus généralement, aux bases de données de l’IRHT

Contenu

Le fichier « Grandmottet » est en majeure partie constitué de fiches issues de la confection des tables onomastiques des cartulaires dépouillés et peut donc être, en majeure partie, reconstitué dynamiquement à partir de ces tables onomastiques.

Ce sont donc les dossiers par manuscrits qui ont fait l’objet d’un traitement dans le cadre de RegeCart qui reprend à son compte la structuration de cette documentation en sous-dossiers. L’ensemble des dossiers a été numérisé en mode image (35.000 images au format JPG, 300 ppp).

La typologie des documents en mode image est la suivante :

  • « Notice du manuscrit » : notice descriptive plus ou moins détaillée s’attachant successivement à la codicologie du ms, son contenu, l’histoire de son élaboration et de sa tradition
  • « Regestes » : courte analyse de chaque acte du cartulaire, indiquant : son numéro d’ordre dans le cartulaire, le (ou les) folio(s) au(x)quel(s) il se trouve, l’auteur au nom duquel l’acte est passé, les noms des acteurs de l’acte juridique, la date de temps et de lieu sous sa forme textuelle, la date restituée, une analyse plus ou moins succincte de l’acte (1 à 10 lignes selon les regestes), et parfois diverses autres informations telle la présence de « signa » de témoins (dont les noms ne sont cependant pas indiqués, mais peuvent avoir été intégrés à la table onomastique).
  • « Table onomastique » : la table mêle en général les noms de personnes et de lieux sauf dans quelques cas où il a été établi deux tables séparées, l’une à la suite de l’autre. Les noms sont, en règle générale, listés sous une forme normalisée en français, les formes anciennes n’ont été gardées qu’en cas d’incertitude, soit comme entrée principale, soit entre parenthèses derrière la forme française. À leur suite, on trouve la date de l’acte, son numéro d’ordre dans le cartulaire, le folio et, dans le cas où une même table a été établie pour plusieurs cartulaires, la référence du cartulaire concerné. Ces tables incluent parfois des mots matière.
  • « Table des matières » : un seul cas.
  • « Table chronologique » : rare. Classement chronologiques des actes.
  • « Table par auteur d’acte » : rare. Classement par ordre alphabétique des auteurs ou par type d’auteur d’acte.
  • « Transcriptions » : rare (3 cas seulement).
  • « Table de concordances » : rare (4 cas seulement). Lorsqu’il y a plusieurs cartulaires pour une même institution, une table de concordance entre les cartulaires a parfois été dressée.
  • «  Autres documents » : rare (3 cas, tous différents).

Les tables onomastiques ont aussi fait l’objet d’une numérisation en mode texte ; elles ont été structurées et balisées de manière succincte afin de reconstituer une sorte de fichier onomastique général interrogeable par les utilisateurs. Le choix de présenter les tables onomastiques sous les formes françaises des noms avait conduit certains auteurs à ajouter des renvois des formes latines aux formes françaises retenues pour l’entrée principale. Ces renvois, attachés à une table onomastique particulière, ont été conservés et mis dans une table spécifique « renvois latin-français ».

Liens avec les autres bases de données de l’IRHT

RegeCart a été conçu en lien étroit avec les bases de données de l’IRHT et tout particulièrement avec les bases de données de la section de diplomatique.

Nous nous sommes alignés, autant que faire se pouvait, sur les formulations de CartulR concernant les « producteurs », c’est-à-dire les institutions concernées, et proposons un renvoi vers cette base pour les compléments d’information sur les institutions et leur localisation. Nous avons aussi repris les titres de CartulR pour la dénomination des manuscrits de RegeCart. C’est aussi dans CartulR que l’on trouvera la bibliographie des manuscrits décrits et analysés dans RegeCart.

De même, un lien avec la base de données MEDIUM, et à travers elle, avec les autres bases de données de l’IRHT et la BVMM a été systématiquement créé lorsque le manuscrit y était recensé.

Rechercher dans RegeCart

RegeCart propose deux modes de recherche principaux dont le mode d’emploi peut être affiché à tout moment grâce à des « conseils de recherche » :

  • La recherche par cartulaire permet de sélectionner les cartulaires pour lesquels on souhaite voir la documentation disponible dans RegeCart. Pour chaque cartulaire interrogé, l’ensemble de la documentation est proposé à la visualisation en mode image (35.000 images au format JPG, accessibles sur le site en 72 ppp) et téléchargeable page par page.
  • La recherche sur les tables onomastiques permet d’interroger sur l’ensemble des entrées onomastiques et sur les dates des actes. Elle peut être affinée par cartulaire, diocèse ou producteur. Les résultats de la recherche sont listés par ordre alphabétique d’entrées onomastiques et par manuscrits. Les occurrences d’un même manuscrit sont classées par date, avec indication du folio où se trouve l’acte dans le cartulaire et du numéro de l’analyse, un lien permet alors de visualiser l’ensemble des regestes. L’utilisateur a la possibilité de visualiser les regestes et d’y retrouver l’analyse concernée.

Une dernière recherche, sur les renvois latin-français, permet d’interroger les formes latines. Elle permet d’identifier toutes les tables où cette forme apparaît dans un renvoi et indique la traduction retenue par l’auteur de la table. Un simple clic sur la forme française renvoie vers la table onomastique concernée. À noter : Certaines tables proposent aussi quelques formes latines à la suite de la forme française retenue, il est donc possible d’interroger les formes latines par la recherche sur les tables onomastiques.


Il s’agissait ici de donner accès à des archives de la recherche aujourd’hui figées et non de refaire ce qui avait déjà été fait par nos prédécesseurs : sauf à de très rares exceptions, nous ne sommes pas intervenus sur cette documentation qui est livrée dans l’état où nous l’avons trouvée. Il appartiendra aux chercheurs d’en vérifier et d’en actualiser les informations à partir de la bibliographie des dernières décennies.